Nuits Cristallines – Greg Egan

Une nouvelle très abordable de Greg Egan sur le thème de l’intelligence artificielle

nuits_cristallinesLorsque je qualifie cette nouvelle de « très abordable », je pense bien entendu à l’aspect hard-SF habituellement très prononcé dans l’oeuvre d’Egan, mais pas seulement : en effet, l’éditeur Le Belial’ vous propose ce texte, initialement paru dans le numéro 79 de sa revue Bifrost, gratuitement jusqu’à la fin février. Que vous soyez fan d’Egan, comme votre serviteur, ou que vous souhaitiez découvrir son oeuvre, c’est une occasion que vous ne pouvez manquer sous aucun prétexte. J’en profite pour saluer l’initiative de l’éditeur, qui pratique régulièrement ce genre d’opération.

Mais revenons à nos moutons : je vais partir du principe que vous ne connaissez pas Egan, mais que vous en avez entendu parler : il a la réputation d’être un écrivain de Hard-SF très intéressant, pour ne pas dire visionnaire, mais difficile à lire pour qui n’est pas aussi au fait que lui des avancées à la pointe de la pointe de la pointe des progrès scientifiques. De plus, il a aussi la réputation de sacrifier les personnages et parfois l’intrigue au profit de l’idée scientifique qui sert de squelette à son histoire. En clair, il est plus science que fiction. Enfin, il est globalement (du moins, c’est mon ressenti) plus à l’aise et plus intéressant dans un format court (nouvelle ou novella / roman court) que long (roman).

J’ai eu l’occasion de critiquer Zendegi, le dernier livre traduit en français de l’auteur, et d’expliquer que ce roman allait à l’encontre de tout cela : Egan s’y montre accessible, c’est certes toujours de la Hard-SF, aucun doute là-dessus, mais c’est extrêmement compréhensible par tout le monde. C’est en fait le meilleur des deux mondes, le côté visionnaire d’Egan, mais compréhensible même par quelqu’un qui n’a jamais lu de SF, de Hard-SF, encore moins de ce que je nomme Ultra-Hard-SF dont l’auteur est habituellement coutumier.

Nuits Cristallines est dans le même esprit : contrairement aux recueils de nouvelles de l’auteur (Radieux, Océanique, Axiomatique), qui contenaient parfois des textes franchement ardus pour qui n’a pas au moins un Doctorat et ne passe pas sa vie sur Arxiv ou équivalent, cette oeuvre reste compréhensible de bout en bout, et tout ça sans perdre son ADN Hard-SF.

Cette nouvelle présente une variation sur le thème de l’Intelligence Artificielle (IA), ou plutôt sur sa création. Inutile de dire que la simple association de mots Egan + IA est un baume pour mon esprit ayant une légère tendance à la morosité, et je ne peux pas dire avoir été déçu, juste un peu surpris par une fin relativement abrupte. Ce texte présente des points communs avec Zendegi (la thématique de l’asservissement de consciences dans une réalité virtuelle),  avec La cité des permutants (la volonté du protagoniste de vivre éternellement sous forme digitalisée), ainsi qu’avec les travaux de Thomas S. Ray qui ont déjà tant inspiré Dan Simmons. La fin est assez surprenante, et m’a rappelé celle d’un roman dans un genre assez différent (le biopunk), l’excellent La musique du sang de Greg Bear. Quelques détails évoquent par ailleurs La Sphère de Gregory Benford.  J’ai apprécié la voie choisie par l’auteur dans son traitement du comportement des IA, qui nous évite bien des clichés, ainsi que son hommage à 2001 / La sentinelle d’Arthur Clarke.

Au final, une nouvelle intéressante, très accessible (bien que pas vraiment représentative du reste de son oeuvre) pour ceux qui hésitent à découvrir Egan du fait de sa réputation d’auteur ardu à lire, et qui propose une variation valant le coup d’être lue sur le thème de la création des IA. D’ailleurs, lorsqu’on y pense, il n’y a pas tant de textes que ça qui s’attardent sur cet aspect des IA (en entrant dans les détails, du moins), la plupart des auteurs préférant s’attarder sur les conséquences de leur création, pas sur ses modalités (un peu comme pour la propulsion supraluminique, en fait).

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur cette nouvelle, je vous conseille la lecture des critiques suivantes : celle de FeydRautha sur L’épaule d’Orion, celle de Feygirl,

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3 réflexions sur “Nuits Cristallines – Greg Egan

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