Le Paris des merveilles – tome 1 – Les enchantements d’Ambremer – Pierre Pevel

Quand Arsène Lupin rencontre Catwoman, Alvin le Faiseur, Duncan McLeod, Sherlock Holmes, Mata Hari, Gandalf et Downton Abbey

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Pierre Pevel est un ancien journaliste, scénariste et auteur pour le jeu de rôle qui est ensuite devenu auteur de romans. Ces derniers se baladent entre Fantasy classique, Historique, uchronie de Fantasy (c’est le cas ici), voire steampunk pour l’un d’entre eux. Il est l’un des rares auteurs de SFFF français récents à être traduit en anglais, ainsi que dans divers autres langages (dont le tchèque et le bulgare), et bénéficie donc d’une reconnaissance significative à l’international.

Ce roman, le premier d’une trilogie, distille un sens du Merveilleux que le lecteur d’une Fantasy plus classique ne ressent plus depuis longtemps. Plus personne ne s’émeut devant des magiciens, des fées, des elfes ou des dragons après avoir lu des dizaines de romans de ce genre. L’exploit de Pierre Pevel est à ce niveau double : non seulement il fait à nouveau ressentir ce sentiment, grâce à ses grandes qualités d’écriture (cette dernière étant riche mais jamais pédante ou difficile d’accès), mais en plus il réussit le tour de force de mêler ce sentiment de Merveilleux, de Féerique, avec une réalité historique très proche (aux changements induits par la présence de l’Outremonde près) de celle des véritables années 1900 (du moins les années 1900 telles que se les imaginent les non-historiens…). Voilà donc l’alliance parfaite entre l’imaginaire le plus pur et la réalité la plus tangible. 

Univers

La richesse de cet univers est donc le contexte qui mêle habilement réalité historique (ou uchronie plutôt dans ce cas) et surnaturel. On pourrait, à ce niveau, faire un parallèle avec Orson Scott Card et ses chroniques d’Alvin le Faiseur. Ce type de contexte n’est pas à proprement parler original, puisque Card ou d’autres romanciers l’ont utilisé, ainsi, dans le domaine du Jeu de rôle, que des titres comme Castle Falkenstein. Signalons d’ailleurs que les noms des sorts ont un fort parfum de jeu de rôle, ce qui n’étonnera personne vu la biblio de l’auteur. Pas original, donc, mais très bien réalisé. Les personnages surnaturels s’intègrent parfaitement et logiquement dans la vie Parisienne / terrestre de l’époque, rien ne fait artificiel ou irréaliste. Les convenances, la courtoisie, les codes de conduite, le langage de l’époque sont magistralement rendus, aussi bien au niveau des puissants que des domestiques ou des plus humbles (mention spéciale au Gnome et à son côté titi mâtiné de Tontons Flingueurs). Si ce n’est le lieu, on pourra penser à Downton Abbey à ce niveau comme référence également.
Signalons au passage que les Fées font plus penser à des Sidhe qu’aux fées telles que nous, en France, en avons l’image.

Pour les amoureux (comme moi) de Magie, le roman propose une explication complète de ce qu’elle est, de qui la pratique, comment, au sein de quelles organisations, etc. Passionnant et très appréciable.

Personnages

Les personnages ont une psychologie développée, sont attachants et drôles (les dialogues sont parmi les plus savoureux qu’il m’ait été donné de lire). Griffont évoque une sorte de Sherlock Holmes moyennement doué pour l’enquête croisé avec un magicien d’une puissance et d’une expérience respectables (Gandalf, Pug, Ged, etc, chacun aura sa référence), le côté Gentleman parisien en plus. La baronne, elle, évoque irrésistiblement un Arsène Lupin au féminin croisé avec Catwoman et Mata Hari. Enfin, leur histoire commune, remontant à plusieurs siècles, évoque la série Highlander. Les flash-backs ne sont pas réellement présents dans ce premier volume, mais sont le sujet du suivant.

Style

Le style d’écriture colle parfaitement au langage et aux convenances de l’époque, rend très bien l’atmosphère de celle-ci, et si les arbres qui parlent et les sirènes dans la Seine sont banals, les parisiens (et le lecteur par leurs yeux) sont toujours capables d’émerveillement ou de peur devant une fée, une gargouille ou un dragon.

L’auteur ne s’interdit pas de s’adresser directement… au lecteur tout au long du roman. C’est relativement inhabituel en matière de roman de fantasy, mais fort sympathique.

Edition 

Un dernier mot sur cette (nouvelle) édition : signalons la présence d’une courte mais fort intéressante nouvelle après le roman, et l’extraordinaire qualité de la présentation : la couverture est tout simplement la plus belle que j’ai jamais vu, Bragelonne, qui place déjà la barre très haut en temps normal, s’est clairement surpassé sur ce coup là. On regrettera juste que, contrairement à un de leurs concurrents, ils ne proposent pas un marque-page reprenant l’illustration de couverture avec le roman.

En conclusion

Un roman mêlant la vie parisienne des années 1909 / 1910 (telle que le lecteur moyen se l’imagine) et la magie et le merveilleux, superbement écrit (écriture fluide et colorée, dialogues savoureux, personnages riches et hautement attachants, ambiance et convenances de l’époque très bien rendues), à la couverture superbe, à l’histoire fort sympathique. Je dois dire que je me suis réellement enthousiasmé pour cette uchronie de fantasy. Vous avez peu de chances de faire fausse route en l’achetant.

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez avoir un second avis sur ce roman, je vous conseille la lecture des critiques suivantes : celle de Shaya,

3 réflexions sur “Le Paris des merveilles – tome 1 – Les enchantements d’Ambremer – Pierre Pevel

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